dimanche 3 mars 2019

Quand le Grand débat national se transforme dans un … Petit déballage local.

Le grand débat national
« Fiscalité et dépenses publiques »


Second débat à Nontron, il est en effet peu probable, après cette nouvelle expérience, qu’un troisième débat puisse s’organiser.

Le thème déjà, très proche du précédent, « les services publiques », n’était pas des plus porteurs. Aucune information préalable sur le ou les initiateurs, sur le ou les animateurs, le choix du thème… Et une publicité on ne peut plus restreinte relayée in-extrémis par le blog des Citoyens du pays nontronnais.

Personnellement je m’étais promis de ne pas participer à cette joyeuse mascarade organisée par nos brillants gouvernants afin de se sortir adroitement, mais temporairement, du guêpier « Gilets jaunes ».
Je m’étais promis, mais aussi résigné, car dans ce pays périgordin les occasions de « débattre » sont rares. La pratique citoyenne n’est pas le principal caractère du lieu.

Mais laissons nous guider par le hasard et essayons d’être beau joueur.

Nous sommes accueilli, a priori, par l’initiateur, Monsieur Gendry.

La salle des fêtes est installée en position « assemblée », les fauteuils déjà rangés en trois travées, gauche, centre, droite. Ont été également installés un écran et un bureau derrière lequel est assise une personne armé d’un stylo et d’un carnet ou d’un bloc.

La travée droite, la plus proche de la porte, est moyennement occupée, la travée centrale est désertée et dans la travée gauche nous retrouvons plusieurs membres du CDD venus en reconnaissance. Au plus fort de la participation, quarante personnes tout au plus se seront retrouvées en cette fin de journée de fin février 2019 pour assister à cette « réunion d’initiative locale permettant à chacun de débattre …, de se faire entendre et de convaincre ».

« À l’initiative du Président de la République, le Gouvernement engage un grand débat national sur quatre thèmes qui couvrent des grands enjeux de la nation : la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’Etat des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté.

Depuis quelques semaines, les maires ont ouvert leurs mairies pour que les citoyens puissent commencer à exprimer leurs attentes. Notre pays va désormais entrer dans une phase plus ample et lancer sur l’ensemble du territoire, des débats locaux, afin qu’un grand dialogue national s’engage entre tous et que chaque citoyen puisse y contribuer. »

« Le Gouvernement s’est engagé à prendre en compte tous les avis et propositions exprimés dans le respect de la méthode et des règles du débat, selon les principes de transparence, de pluralisme et d’inclusion, de neutralité, d’égalité, de respect de la parole de chacun ».

L’animateur, après s’être rapidement présenté, lance la machine en nous rappelant, ou plus exactement en nous énonçant une avalanche de chiffres, exprimés en millions d’euros, détaillant les diverses recettes fiscales, suivant leur provenance, les nombreuses dépenses publiques, suivant leur affectation, et surtout le résultat systématiquement déficitaire de cet « équilibre budgétaire » jamais équilibré.

Ce déficit chronique constaté depuis des décennies, quels que soient les gouvernements, les gouvernants, les mesures de « redressement » décidées par les uns, supprimées par les autres, ce déficit montré du doigt, cet ennemi héréditaire, source de tous nos maux, cause de toutes nos impuissances, de nos retards dans la course à la croissance et à l’épanouissement de nos entreprises.
Ce déficit, voilà l’ennemi.
Alors vous qui êtes ici ce soir que pensez-vous qu’il faille faire pour sortir notre pays de cette inconfortable et irréductible ornière ?
Sur quel plateau de la balance faut-il agir, accroître les recettes, diminuer les dépenses, ou peut-être les deux ?

Et lâchant le micro, à son corps défendant, l’animateur invita la salle à prendre la parole.
Ce qu’elle fit sans retenue, du moins pour certains, une petite dizaine, qui ne la rendit plus.
L’animateur n’ayant plus qu’à distribuer les rôles, en nommant, pardon, en prénommant les acteurs, qu’il connaissait donc bien, et notamment son cousin, nous nous enfonçâmes dans des « longues de comptoir », où chacun, fort de son expérience, de son vécu et de ses frustrations détient la solution, ou plus souvent, connaît le bouc qu’il faut combattre et pourquoi pas tuer pour assainir, une bonne fois pour toutes, la situation.

Par exemple un chef d’entreprise déclara de manière très convaincue que l’absentéisme était un des maux qui, ces dernières années, s’était fort accentué et qu’il était grand temps d’y remédier si l’on voulait que les entreprises retrouvent leur pleine activité et le chemin de la croissance.

De quelle croissance voulez-vous parler interrogea une voie manifestement décalée.
Disons plutôt développement lui répondit-on sommairement.

Ce qu’il faut c’est responsabiliser les « gens » proposa une autre, par exemple en accompagnant l’ordonnance du médecin d’une facture rappelant le coût réel de son intervention, afin que le patient prenne conscience de l’effort collectif « assuré » par nous tous, pour qu’il bénéficie de soins presque gratuits. Et sans doute d’aider ainsi à ce qu’il guérisse plus vite.
Puis ce fut le tour de l’éducation, de son coût toujours croissant et de ses résultats déclinants sans cesse, des formations qui ne mènent pas à l’emploi, des qualifications qui ne correspondent pas aux « vrais » besoins des entreprises. Prenez par exemple le cas désespéré de cet entrepreneur qui depuis six mois recherche désespérément un laveur de carreaux.

Un petit couplet sur les « administrations » et leur personnel toujours trop nombreux alors que les services, eux, diminuent, et pour faire bonne mesure sur le nombre excédentaire de parlementaires dotés de privilèges indus.

Et ainsi de suite, furent égrenés les points habituels de fixation qui aigrissent tous ces gens bien-pensants qui ont remplacé liberté par libéral, égalité par affinité et tiré un trait sur la fraternité.

Une voix, une seule, s’est élevée pour rappeler que la tenue de cette réunion était une conséquence directe du mouvement des « Gilets jaunes » qu’il serait opportun de ne pas oublier, même si aucun d’entre eux n’était présent, ni représenté, dans cette honorable assistance. Un petit rappel sur les enseignants qui ne sont plus formés avant d’enseigner.
Et sur les salariés malades parce que leur entreprise est elle-même malade.

Allez un dernier, pour la route, cette idée lumineuse de faire payer l’impôt sur le revenu à tout le monde, y compris à ceux qui n’ont pas de revenus, émise par la ministre « de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales » et reprise par une admiratrice zélée dont, par décence et civilité nous tairons le nom.


Cette soif d’équité eut au moins le mérite de faire sortir le Maire de Nontron, d’abord de sa citoyenne observance, puis de son silence observateur, et enfin de la salle.Ce dont profitèrent plusieurs participants, dont nous-mêmes, pour faire de même.

Nous ne savons donc pas comment tout ceci s’est terminé mais cela n’a guère d’importance car tous ces échanges fructueux ont été enregistrés et seront retranscrits pour alimenter l’immense boîte à idées et nourrir les algorithmes qui conduiront, naturellement, aux solutions qui sont déjà retenues. 

« Toutes les contributions seront remontées pour permettre une analyse approfondie à la fois quantitative et qualitative et ainsi nourrir une restitution placée sous le contrôle et la responsabilité de garants.

Elles permettront de forger un nouveau pacte économique, social et environnemental et de structurer l’action du Gouvernement et du Parlement dans les prochains mois ».

N’ayez aucune crainte, « pour garantir l'indépendance du grand débat, un collège de (5) garants a été désigné. Indépendants du Gouvernement et reconnus pour leur engagement au service de l'intérêt général, ils s'assureront de l'impartialité et de la transparence de la démarche ».


                Le Gouvernement agit pour vous.



Jean-Claude Frasnetti – Milhac de Nontron


Commentaires

Bonjour Monsieur

Je m’appelle Daniel JARDRI et non pas Gendry comme vous le mentionnez dans votre compte rendu sur le grand débat qui s’est tenu le 25 Février a la Salle des fêtes de Nontron
Je l’ai lu avec beaucoup d’attention et espère que dans le respect du jeu démocratique qui vous anime ,vous aurez a cœur de publier les quelques précisions ci dessous au titre de mon droit de réponse
Je suis non élu, non inscrit a aucun parti et c’est parce que j’ai une certaine vision de la la démocratie que j’ai demandé a organiser ce débat a titre individuel
Il était mentionné sur le site du grand débat et de plus j’ai passé une journée entière a distribuer des affichettes dans Nontron pour inviter le maximum de personnes
Il m’avait même été annoncé la présence d’une délégation du mouvement des gilets jaunes qui pour des raisons que j’ignore n’est pas venue. Vous voyez donc que ce débat n’était ni dirigé par quiconque ,ni pour quiconque
Je m’étonne de la teneur de vos propos ,vous auriez dû avoir la correction de vous faire connaître car votre opinion était certainement intéressante
Le fait que mon cousin ait donné son avis me parait simplement démocratique et je ne vois pas en quoi ,dans un pays ou nous nous connaissons tous ,cela puisse être soumis à des commentaires tels que les vôtres
Que des personnes présentes aient pris la parole pour donner leur avis ne me parait pas non plus critiquable ,tout le monde a le droit d’avoir une opinion différente de la vôtre …..
J’aurais aimé que vous reconnaissiez ma neutralité dans le débat ,de plus ,les avis donnés ne correspondaient pas tous à mes opinions ,opinions que je n’avais pas a donner ni même à sous-entendre en tant qu’animateur !!
Quand aux chiffres que j’ai montré en trois minutes , ce sont les chiffres officiels validés par la commission des finances ou figurent des représentants de tous les partis politiques quels qu’ils soient et je n’ai pas entendu dire qu’ils aient été contesté ,ils avaient simplement pour but de rappeler les postes budgétaires et le déficit de notre pays
J’espère ferment que vous aurez ,en tant que démocrate ,à cœur de publier ce rectificatif sur votre site
Vous noterez simplement que ,en ce qui me concerne ,j’ai à cœur de rester dans un dialogue constructif
Je serai d’ailleurs heureux de vous rencontrer lors d’un prochain débat ,à condition que vous vous fassiez connaître de façon à faciliter le contact et l’échange respectueux qui est le cœur de notre culture démocratique
Bien cordialement
Daniel JARDRI

Commentaire

Bonjour
Je tiens à réagir au compte rendu de le réunion dans le cadre du grand débat qui a eu lieu à Nontron.
J'étais présent, et je suis vraiment surpris (choqué) de la teneur de ce compte rendu qui n'est pas du tout fidèle, voire très orienté, tout le monde peut s'exprimer, c'est le fondement de la démocratie, mais pas de façon partisane et partielle.
j'espère que Mr Gendry !!!!fera valoir son droit de réponse, ce compte rendu est un déni de démocratie.
Vincent Fargeas