Pour un équilibre territorial
Ebaucher un Plan d’Urbanisme Intercommunal c’est bien-sûr l’occasion de réfléchir aux
enjeux d’équilibre territorial. Certaines fonctions d’intérêt public peuvent difficilement
échapper, ne serait-ce que par le coût des infrastructures, à une localisation unique et
centrale sur le territoire (la piscine ou le cinéma par exemple). De même que les zones
d’activité économique ont tout intérêt à privilégier la proximité d’un axe routier important.
Mais d’autres fonctions nécessitent plutôt des réponses de proximité davantage propices
aux liens entre les habitants, et plus sensibles à la diversité de leurs initiatives.
En 2021 le CDD (Conseil de Développement Durable) a proposé à la CCPN d’encourager le
développement de l’Animation de la Vie Sociale sur plusieurs pôles du territoire. Depuis
2022 quatre associations se sont créées afin de porter ce développement à partir de ces
différents pôles. Récemment agréée ou aspirant à cet agrément, ces associations sont Atlas
24 sur Nontron et ses communes voisines, Le Vime sur Piégut et ses communes voisines,
Association d’Idées sur Saint Pardoux et ses communes voisines, ainsi que Le Rendez-vous
sur Javerlhac et ses communes voisines.
Un besoin d’espaces d’accueil dédiés à la vitalité sociale du territoire
Mais ce choix comporte aussi quelques exigences de complémentarité, de cohésion et de
moyens. Parlons d’abord des moyens, à commencer par la nécessité d’un local dédié sur
chaque pôle territorial. En effet, l’accueil des habitants est une fonction essentielle de tout
projet d’Animation de la Vie Sociale. Pas besoin d’infrastructure importante, l’attribution
d’un local communal dédié, ou le loyer d’un local privé soutenu par la collectivité d’accueil,
peuvent suffire. En effet, il s’agit juste de disposer d’un espace d’accueil permanent bien
repéré, une base pour aller vers les habitants dans leurs différentes communes, et pour
répondre aux besoins spécifiques du projet.
Bon nombre d’activités évènementielles ou ponctuelles peuvent ensuite se décliner dans les
salles publiques des communes de chaque territoire. Ces équipements sont donc
complémentaires d’un espace dédié à l’association, d’où peut rayonner son projet
d’Animation de la Vie Sociale territorial. Bien d’autres associations bénéficient d’espace
dédié, notamment aux sports, et on ne demande pas aux joueurs de foot ou de rugby ou de
tennis, de jouer chacun à leur tour sur une prairie polyvalente.
Afin de soutenir le choix stratégique d’un équilibre territorial voulu par la CCPN il est
important que le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal prévoie, en concertation avec les
communes-pôles, de donner les moyens à chaque association qui porte un projet
d’Animation de la Vie Sociale, de disposer d’un lieu d’accueil de qualité pour recevoir les
habitants de son territoire et pouvoir y monter des projets avec eux.
Un choix stratégique d’aménagement du territoire
Un porteur de projet, économique ou social, peut facilement s’implanter sur le point le plus
attractif d’un territoire et appeler les habitants/clients/usagers à venir à lui. Un supermarché
à Nontron peut afficher de bons résultats, avec excellent chiffre d’affaire, nombreux
consommateurs et salariés (ça c’est le verre à moitié plein). Pendant ce temps-là, de
nombreux petits commerces de proximité peuvent souffrir ou fermer dans les autres
communes (ça c’est le verre à moitié vide). Cette référence commerciale ne concerne
« que » l’accès aux biens de consommation, mais l’éloignement croissant des services
publics aux habitants participe à la même frustration. Ainsi se développe un sentiment d’être
des citoyens de seconde classe, déconsidérés même méprisés. Face à cela, une communauté
de communes rurale ne peut pas se permettre l’indifférence, et la CCPN a eu la volonté de
maintenir ou d’implanter certains services (Centres de loisirs ou Médiathèques, par
exemple) sur plusieurs pôles de son territoire.
Des territoires de vitalité sociale en réseau
Mais l’Animation de la Vie Sociale c’est encore autre chose, et ce n’est pas seulement
permettre aux habitants d’accéder à un guichet ou des services. C’est aussi et surtout
permettre à ces habitants d’être acteurs dans des services ou des activités, supports de lien
social, de porter eux-mêmes des initiatives et d’être valorisés dans leur réalisation. C’est
aussi la possibilité pour les élus associatifs porteurs de ces projets, de participer à un
dialogue citoyen avec les collectivités territoriales et les institutions sociales, et de leur
présenter des propositions. Un partenariat gagnant-gagnant qui permet de mobiliser des
ressources externes au bénéfice des habitants, de leurs projets et de leurs territoires. Ainsi,
le choix du Périgord Nontronnais se fonde sur une vision de l’organisation territoriale
différente de la seule logique libérale ou administrative. Il veut favoriser un autre modèle de
développement de la vitalité sociale, basé sur plusieurs dynamiques territoriales en réseau.
Si l’Animation de la Vie Sociale a besoin de se développer dans la proximité d’un territoire
vécu, elle a aussi besoin de s’inscrire dans la cohérence d’un territoire administratif, en
l’occurrence, la Communauté de communes. La complémentarité spatiale, le dialogue, voire
la coopération, entre associations partageant les mêmes valeurs et les mêmes partenariats
institutionnels, est une construction nécessaire. Mais une construction ascendante et
volontaire, fondée sur le respect des diversités, sera toujours préférable, et plus désirable
pour les citoyens, qu’une cohésion imposée à partir d’en haut ou d’une domination centrale.
Pour le résumer autrement, à la « théorie du ruissellement » nous préférons le principe de
subsidiarité.
L’équipe du CDD Périgord Nontronnais