dimanche 17 mars 2019

La fuite en avant sylvicole


Lundi matin 4 mars, il fait un peu frais…. je vais me balader au tour du lac de St Estèphe, (domaine du Conseil Départemental de la Dordogne, j’y suis donc un peu chez moi ! J’aime ce lieu hors –saison, , ce « parc urbain en milieu rural », on y croise des gens du coin, d’ailleurs, des  discussions,… la promenade dominicale après la deuxième part de gâteau que l’on n’aurait pas dû prendre, mais bon c’est dimanche ! ). Promenade douce, convalescente, c’est encore l’hiver !

 Mon regard est attiré par quelques signes à la peinture sur le tronc de nombreux arbres le long du parcours….. je continue mon bout de chemin et rencontre un peu plus loin avant le transbordeur, la personne responsable du site ! Il s’appelle Bernard et sur sa veste est marquée « Pôle paysage- Conseil Départemental ».


Je m’informe donc de ces traces picturales laissées sur les arbres. Bernard me répond sans détours et m’annonce qu’une coupe rase de 5 ha va être pratiquée, qu’il est prévu de dessoucher, de labourer et replanter…. Bernard semble agacé car impuissant devant ce qu’il considère comme une aberration et parce que lui, responsable terrain de la bonne tenue du site, de sa gestion technique et humaine n’a jamais été entendu pour émettre un avis !

La balade se poursuit un peu moins tranquille…. Ce n’est pas possible, on ne va pas raser gratis la aussi ! Partout, vers chez moi, un peu plus loin par ici des monstres mécaniques, coupent, déchiquètent, broient, dessouchent, entassent des montagnes de bois sur le bord des routes. Des camions arrivent, chargent les rondins…. Rondement mené ! Reste toujours quelques petits bouts de bois oubliés en haut du fossé, le camion trop plein déjà est déjà reparti vers l’industrie papetière, l’industrie palette, l’industrie « bois-énergie » !

 Reste alors le chaos, les traces de l’EXPLOITATION forestière, un champ de bataille, des lambeaux, le carnage….. Le film « Le temps de Forêts » de François Xavier Drouet résume très bien l’industrialisation de la forêt française !


Arrivé chez moi, j’envoie un courriel à Pascal Bourdeau et Juliette Nevers  (Conseillers Départementaux du territoire). J’y demande des explications, des renseignements, les interrogent sur leurs sentiments face à ce déboisement, le danger en termes d’image, l’absurdité écologique, la forêt du domaine public comme « garde-fou » (Copie en fin de texte) …. La semaine se déroule, pas de réponse !

 Quand enfin, après un nouvel envoi plus pressant, Pascal Bourdeau me rappelle le vendredi matin. OUI… il est « au courant », mais OUI…., il n’a pas été concerté en amont pour cette décision et action à suivre , OUI….  il va réunir les services départementaux concernés (Environnement, Paysage, Tourisme) pour en savoir plus, OUI…. il est  « farouchement » opposé à cette action, OUI….  c’est « une compensation carbone » suite à des travaux effectués à Mussidan, OUI….  il s’engage à tenir informé les citoyens des résultats de son investigation périgordine, OUI….  sans langue de bois !


Suite à ça, j’informe oralement à tout va lors du festival de La Chevêche à Nontron, rencontre à ce même festival Pascal Bourdeau et également Martine Gramont (directrice du Service Environnement au Conseil Départemental) lors de la conférence « Faudra-t-il une dictature verte pour sauver la planète ? » J’expose mon point de vue, demande à ce que nous acteurs-habitants-citoyens soyons informés des décisions encore une fois périgo-jacobines !


Voilà ce que je sais ! Ce que je peux dire ! Qu’entre une coupe à blanc et un entretien doux d’un taillis, les impacts écologiques ne sont pas les mêmes, que lorsque l’on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage !
 Alors, toutes et tous, FORÊT AGIR

Patrick Mouveroux- Saint Barthélémy de Bussière

Le 17 mars de l’an du Cochon


Ci-dessous, copie du mail envoyé à Pascal Bourdeau et Juiliette Nevers


Pascal, Juliette bonjour
Ce matin, Michelle et moi, lors d'une balade autour du Lac à St Estèphe, nous nous sommes interrogés sur un marquage à la peinture sur les arbres (en grande partie taillis de chataîgniers) sur la bordure droite de l'étang quand on le regarde depuis la plage.  Nous croisons le responsable du site et lui posons cette question "Pourquoi ces marquages ?".
Sa réponse : Une coupe "à blanc" est prévue... 5 ha de cette forêt publique (donc je considère que c'est aussi un peu la mienne !), dessouchage et replantation....
Il me semble que même si ce "bois" a peut-être besoin d'un entretien, la pratique "à blanc" est l'anti-thèse des choses à faire !
 Elle va massacrer le site de St Estèphe, son intérêt paysager "jardiné et sauvage" pendant plusieurs années, sa dimension équilibrée écologiquement, engager une énergie carbonée folle pour le désouchage, des frais pour le département, un projet ridicule en terme d'image là où, aujourd'hui notre région subit le fléau des abatteuses à outrance dans la forêt privée. Les espaces boisés départementaux n'ont pas à subir une gestion à dimension "économique"... là n'est pas l'enjeu !
 Merci de me renseigner et peut-être vous renseigner sur ce projet, sur la réalité et le bien-fondé de sa tenue.
J'espère en parler de vive voix avec vous très rapidement pour pouvoir après en informer d'autre personne
Cordialement
Patrick Mouveroux