dimanche 16 juin 2019

Café-écolo du 3 juin: quelques réflexions complémentaires

Quelques réflexions complémentaires et quelques points non évoqués lors de ce passionnant « échange de connaissances ».

Il a été longuement question du « jeu » des élus, des maires surtout, et j’ai été très surpris de la courtoisie employée à leur égard.
Monsieur X ou Y c’est devenu très délicat comme appellation. Nous nous sommes habitués au X et Y tout court, aux prénoms comme « le Maurice » ou « la Colette », ou aux surnoms comme Grinchineux ou Vaurien. Les maires du « Nord » seraient-il plus respectés et donc peut-être plus respectables ? Si cela était le cas ce serait un atout non négligeable.
Il semble pourtant que les méthodes de communication, ou plutôt de non-communication, soient présentement assez semblables.

Il a été aussi beaucoup parlé du « Parc », comme souvent quand l’environnement est convoqué. Mais aussi, et systématiquement, lorsque l’éolien est à l’ordre du jour. Du Parc et de sa fameuse Charte dont il presse à beaucoup de connaître la vraie genèse.
Charte que trop peu d’habitants ont eu l’occasion de lire mais dont plusieurs lecteurs attentifs demandent la révision. Une pétition circule actuellement à cet effet.
Mais pour l’instant le Parc travaille sur une charte « paysagère » curieusement absente de sa panoplie documentaire mais particulièrement opportune en ces temps mouvementés.

En prenant un peu de recul je me suis aperçu que trois mots essentiels du débat éolien classique n’avaient pratiquement pas été prononcés :
propriétaires, habitants, paysages.

    • Propriétaires,

C’est la cible prioritaire de l’aménageur car sans espace « constructible » et empruntable pas d’éolien. C’est plus important que le vent.
Et si des projets ont commencé d’être positionnés c’est que des contacts ont déjà eu lieu dans les zones techniquement présélectionnées. Peut-être même avant que les maires n’aient été approchés. C’est une des raisons pour lesquelles les promoteurs sont toujours en avance, que les maires sont fragilisés lorsqu’ils sont abordés et qu’il faille courir en permanence après l’information.
Les propriétaires sont le plus souvent des agriculteurs ou des forestiers, n’habitant pas obligatoirement sur la commune.
Donc au départ peu sensibles aux nuisances, et faisant l’impasse sur la responsabilité et le coût du démantèlement.
La plupart des signataires ne lisent ou ne comprennent le bail qu’ils signent, et très peu se font conseiller par un notaire ou un juriste.
Les liens de parenté d’un propriétaire avec un élu, quand ce n’est pas l’élu lui-même, est aussi un point d’entrée très courant. Ce qui participe aussi trop fréquemment au blocage des informations.
Enfin il faut se méfier de l’image d’Epinal du petit propriétaire, de préférence âgé, qui va louer son « bout » de terrain peu  exploitable pour améliorer sa maigre retraite. Cette occurrence propre à la compassion existe, mais elle est anecdotique.

    • Habitants et surtout riverains des projets,

Sauf inattention de ma part cet acteur n’a jamais été évoqué.
Il est pourtant « essentiel » car c’est lui qui va supporter « l’essentiel » des nuisances. Nuisances qui commencent dès que le projet est découvert. Imaginez la vie future d’un riverain qui apprend, par hasard le plus souvent, que dans quelques années son horizon « risque » d’être impacté par un, deux ou plusieurs « aérogénérateurs » géants. Et qu’il lui sera certainement impossible de s’enfuir.
Ce sera donc évidemment l’opposant le plus motivé et celui qui deviendra très vite le plus compétent sur le sujet.
Le peu d’information actuellement disponible sur les projets évoqués n’a pas encore permis de désigner les premières victimes ce qui explique, en partie, la sérénité des échanges et la dispersion indulgente de plusieurs interventions.
En outre les « malchanceux » sont souvent des habitants des communes voisines, tenus à l’écart, comme leurs élus, des tractations en cours.

    • Paysages

La beauté de nos paysages ou plutôt ceux du Périgord Vert, et plus localement du nontronnais, est largement appréciée par une très forte majorité des habitants. Beaucoup habitent d’ailleurs, même s’il ne sont pas d’ici, pour cela.
Des touristes qui choisissent ce lieu de villégiature également. Dans la plupart des enquêtes, sondages, concertations, le critère venant en tête est systématiquement cet environnement ET la protection qu’il mérite.
Il est donc très étonnant que ce point n’ait pas été évoqué ou alors il est tellement « naturel » et consensuel que personne n’a éprouvé le besoin d’y revenir.
Ce serait une très grave erreur car s’il est un fondement qui fait « territoire » c’est bien celui-ci.
La biodiversité, la protection des eaux et des hauts bassins versants ont été, à juste titre, largement évoqués.
Mais ces sujets sont étudiés, suivis, défendus, certainement insuffisamment, alors que le paysage, dont la beauté est souvent qualifiée avec un certain mépris de subjective, est trop souvent considéré comme la dernière variable d’ajustement des projets.
S’il peut être sauvegardé tant mieux, sinon et bien tant pis, il faudra s’en accommoder. Ca ce n’est pas subjectif.

Et pour les « éoliennes » hormis leur tourner le dos, dans les deux sens de l’expression, il n’y a pas d’autre issue.
Sauf à les implanter dans des lieux déjà très dégradés, et malheureusement, les possibilités ne manquent pas !

Mais pas encore ici.
Alors ne laissons pas ici devenir comme ailleurs 


Jean-Claude Frasnetti- Chantres- Milhac de Nontron