dimanche 7 juillet 2019

Urgence climatique, urgence biodiversité, même combat.

Urgence climatique, urgence biodiversité, même combat.

On entend de beaux esprits, mettant en avant l’urgence climatique, affirmer que la transition énergétique indispensable doit au besoin pouvoir se faire au détriment de la biodiversité. Dans le même élan vertueux, ils tendent à « ringardiser » ceux qui s’expriment sur la situation alarmante de la biodiversité et l’urgence d’y remédier.
Il faut certes accélérer la transition énergétique vers des énergies renouvelables  et diminuer jusqu’à le supprimer l’usage des combustibles fossiles. Mais pas au détriment de la biodiversité, tout aussi essentielle à notre survie.
Exemples :
    • On ne peut que s’insurger face à la destruction de vastes superficies de forêts équatoriales, en Amazonie, en Indonésie, au profit de cultures de végétaux à transformer en biocarburants.
    • Chez nous, on doit aussi préserver la forêt et son irremplaçable biodiversité en proscrivant les coupes sombres, même au motif de développer l’énergie bois.
    • Le développement de l’énergie éolienne est certes indispensable, mais pas n’importe comment, pas en tous lieux., et surtout pas dans des régions sans vent où on doit monter à 200m pour capter les courants d’air. Il faut notamment proscrire les hautes éoliennes au sein des espaces protégés au titre de la nature ou du patrimoine.
    •
Alors comment lutter simultanément en faveur de ces deux urgences complémentaires, qui nous commandent de ralentir à la fois le réchauffement global et l’érosion dramatiquement rapide de la biodiversité ?

    • Raisonner la transition énergétique en fonction des ressources des territoires. Ferait-on une usine marémotrice là où il n’y a pas de marées ? Alors pourquoi prévoir des éoliennes là ou le vent n’est pas une ressource ? On ne manque pas d’exemples de territoires s’organisant pour viser l’autonomie énergétique à brève échéance, en combinant les ressources dont ils disposent : ensoleillement, déchets organiques méthanisables, géothermie, cours d’eau…C’est à l’échelle fine des territoires, avec les élus, les associations, les habitants, qu’il faut élaborer d’urgence des plans-climat.
    • Préserver les installations existantes de production « alternative » d’énergie à petite échelle, comme les turbines dans les anciens moulins assurant une production locale ; les pêcheurs devraient se satisfaire de voir les gestionnaires de telles installations se comporter en « cantonniers » des cours d’eau et installer des échelles à  poissons.
    • Réserver le développement ambitieux de l’éolien à des espaces qui s’y prêtent, parce qu’ils ont du vent, ou en bordure des voies ferrées, parce que le transport de l’énergie produite en serait facilité.
    • - et surtout : diminuer l’émission des gaz à effet de serre là où elle est la plus importante, dans le secteur des transports, y compris aériens, du bâtiment et des industries, y compris l’industrie agricole et l’élevage.

Oui, on peut accélérer la transition énergétique sans détruire la biodiversité, et sans saccager les espaces protégés. Il faut pour cela que les pouvoirs publics se mobilisent pour élaborer des règlements adaptés, et que l’opinion, les citoyens se mobilisent pour éviter les excès de zèle de certains décideurs trop sensibles aux arguments des promoteurs.
Oui, on peut se battre pour préserver ce qui nous reste de biodiversité sans nuire au climat, bien au contraire, on connaît le rôle bénéfique des forêts et espaces verts dans la gestion du CO2.

Il faut aussi que cessent les agressions réciproques des « pro » et des « anti » : le climat et la biodiversité sont des enjeux si énormes pour l’avenir de l’humanité qu’on ne peut y tolérer ces querelles stériles  qui empêchent de se mobiliser ensemble.

Marie-Elisabeth Chassagne.Varaignes