Lettre ouverte à Monsieur le Maire de Saint – Aulaye - Puymangou
Monsieur le Maire,
Au mois d’avril 2015 votre commune a été labellisée Petite Cité de Caractère en reconnaissance des efforts accomplis pour « la sauvegarde du patrimoine comme levier de développement des territoires ».
Sur cette lancée votre commune vient d’accueillir l’assemblée générale de l’association des Petites Cités de Caractère de la grande Aquitaine.
« Résolument occitan, Saint-Aulaye revendique fièrement son appartenance au Périgord. Bastide atypique juchée sur le coteau qui domine la Dronne … c’est la première commune de Dordogne et d’Aquitaine à obtenir ce label ».
C’est aussi la seule bastide du Périgord Vert.
La commune possède également les labels « Station Verte » et « Agenda 21, Notre village terre d’avenir ».
Signes légitimes d’un potentiel existant certes, mais aussi des nombreux efforts réalisés pour sa conservation et sa valorisation.
Début juillet 2016, la commune accueillera, comme en 1956 et 1996, la Félibrée, qui revient donc aux portes de la Double, « cette forêt majestueuse parsemée d’étangs et très appréciée des touristes et des Périgourdins ».
« La forêt de la Double est essentiellement couverte de pins maritimes, de chênes et de fougères. Elle abrite de nombreuses espèces animales menacées. Elle compte une centaine de km de chemins balisés parfaits pour la randonnée pédestre, équestre et la pratique du VTT ».
Mais aux portes de la Double, aux portes de Saint-Aulaye- Puymangou, petite cité de caractère, aux portes du Périgord Vert, aux portes du Département de Dordogne, territoire d’excellence environnementale, la menace éolienne se précise et manifestement en un lieu où elle n’aurait jamais dû avoir … droit de cité.
Car combien il en a fallu de réunions, de dossiers, d’entrevues, de demandes de financement, de contributions et de dotations financières, mais aussi de participations, tant des élus que des habitants, pour que cette jolie bastide et le territoire qui l’entoure recueillent fort justement labels et gratitudes.
Et, pour une simple faute d’inattention, car au cas présent il ne peut s’agir que de cela, tout ceci devrait être anéanti, les efforts ruinés, les financements gaspillés et la bastide progressivement oubliée.
Car entourée par une guirlande d’éoliennes, repérables à trente kilomètres à la ronde, adieu le caractère et adieu le label.
Et, adieu les visiteurs, et adieu les touristes !
Mais enfin Monsieur le Maire, comment votre commune a-t-elle pu, en 2013, se fourvoyer dans une telle mésaventure. Et pourquoi, depuis cette date, alors que les oppositions à ces projets ne cessent de croître, au fur et à mesure que leurs effets négatifs et pervers se découvrent et s’accumulent, votre commune ne s’est-elle pas dégagée du piège grossièrement tendu par un aménageur industriel, en fait investisseur financier, cynique et sans scrupules.
Si les choses se poursuivaient ainsi, le nom de votre commune se trouverait donc définitivement confondue avec la commune de Parcoul-Chenaud, et toutes deux globalement converties en un projet de centrale électrique.
Et vous, Monsieur le Maire, définitivement associé à votre confrère, le maire de Parcoul, et à ses stupéfiantes et consternantes déclarations.
Cet homme est particulièrement obligeant et généreux, puisque disposé à sacrifier quelques hectares de ses propres terres pour accueillir « quelques éoliennes » et ainsi « développer l’économie de la commune et amener de nouveaux habitants ». Voilà cependant un élu qui ne pourra plaider, le moment venu, qu’il aura été abusé « à l’insu de son plein gré ».
Le « chant » de « quelques » éoliennes, curieux modèle de développement et accueil étonnant pour les nouveaux habitants plutôt attirés par un environnement rural de qualité et la promesse d’une vie paisible dans une nature jusqu’alors respectée et protégée.
La première action, envisagée par l’aménageur, est le défrichement de « quelques » hectares de forêt. Violente et allusive cette entrée en matière a le mérite de bien (dé)-planter le décor de la tragédie qui va suivre.
Ce ne sont que « quelques » hectares me direz-vous. Mais ce sont les premiers, avant beaucoup d’autres, car même s’il se garde bien d’en parler, l’électricien du vent ne pourra en rester là s’il veut rentabiliser son « affaire ». Car ses seuls objectifs ne sont que rentabilité et profit.
Quelques hectares, puis quelques autres, mais c’est quand même dans la forêt de la Double, cette grande citadelle forestière, toute aussi symbolique, attachante et défendable que la petite bastide de Saint-Aulaye.
La Félibrée débute demain, alors place à la fête au Pays de Saint-Aulaye.
Oublions pendant ces quelques jours les croisés de l’éolien et leur funeste cortège de dégradations paysagères mais ne rêvez pas trop, eux, ne vont pas vous oublier.
Et très rapidement il vous faudra, avec votre conseil municipal, assumer cette très lourde responsabilité, être ou ne pas être les premiers, qui non seulement engageront votre commune, mais également le Périgord Vert et une partie importante du département.
Je vous remercie pour votre attention.
Je vous prie d’accepter, Monsieur le Maire, mes respectueuses salutations.
Jean Claude FRASNETTI
Nota : ce texte n’engage que leur auteur et en aucun cas les organismes, notamment les associations, avec lesquels je suis en relation.