lundi 4 novembre 2019

Quelques idées pour l'enquête publique sur le projet éolien de la Queue d'Ane

Une enquête publique unique porte sur la demande présentée par la SNC "Ferme Eolienne de la Queue d’Ane" (Abo Wind) d’autorisation unique d’exploiter une centrale éolienne sur le territoire des communes de Saint-Saud-Lacoussière et Saint-Jory-de-Chalais, au nord de la Dordogne, dans le Parc Naturel Régional (PNR) Périgord-Limousin.

Cette enquête unique porte sur le permis de construire, l'autorisation d’exploiter une ICPE, l'autorisation de défrichement, une demande de dérogation à l’interdiction de détruire des espèces protégées.

"Le défrichement est défini comme étant la destruction volontaire de l'état boisé d'un terrain et la suppression de sa destination forestière" (article L. 311-1 du code forestier).

Une installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE), en raison des nuisances éventuelles ou des risques importants de pollution des sols ou d'accident qu'elle présente est soumise à une réglementation spécifique notamment en terme d’autorisation. Il s’agit d'installations "qui peuvent présenter des dangers ou des inconvénients soit pour la commodité du voisinage, soit pour la santé, la sécurité, la salubrité publiques, soit pour l'agriculture, soit pour la protection de la nature, de l'environnement et des paysages, soit pour l'utilisation rationnelle de l'énergie, soit pour la conservation des sites et des monuments ainsi que des éléments du patrimoine archéologique » (article L. 511-1 du code de l’environnement).

Pour être acceptée, une dérogation à l'interdiction de destruction d'espèces protégées doit répondre à trois critères (article L. 411-2 du code de l’environnement) :
1/ Existe-t-il une autre solution satisfaisante ?
2/ La dérogation nuit-elle au maintien, dans un état de conservation favorable, des populations des espèces concernées dans leur aire de répartition naturelle ?
3/ Y a-t-il des raisons impératives d’intérêt public majeur, y compris de nature sociale ou économique ?

Ce projet concerne 4 éoliennes et 2 postes de raccordement. Les éoliennes choisies sont de modèle 3,4M140 - HH130 du constructeur Senvion. Elles présentent les caractéristiques suivantes: hauteur totale en bout de pales: 200 m ; hauteur au moyeu: 130 m ; diamètre du rotor: 140 m ; longueur des pales: 68,5 m ; diamètre du mât à sa base: 9,5 m ; puissance unitaire: 3,4 MW.

L'enquête se déroule du lundi 7 octobre 2019 à 9h00 au vendredi 15 novembre 2019 à 17h00.

Pour formuler vos observations, ouvrez le lien Internet : https://www.registre-dematerialise.fr/1552

Parmi les centaines d’avis déjà donnés, beaucoup démontrent que les personnes qui s’opposent ont très bien mesuré les risques que ce projet représentait pour leur environnement, pour la sauvegarde de ce territoire et pour l’image et la renommée du Périgord. Ces observations, variées et pour la plupart pertinentes, sont consultables sur le site.

Si vous manquez de temps pour approfondir le dossier, vous trouverez ci-après quelques idées.


Thierry Bonne

Asso3D - Défense du val de Dronne et de la Double
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Idées pour l’enquête publique sur le projet éolien de la Queue d’Ane :

Contrairement aux justifications énoncées par Abo Wind, les gaz à effet de serre ne sont pas provoqués en France par l’électricité. Ce projet n’aura aucun effet dans la lutte contre le réchauffement climatique mais coûtera cher à la collectivité. Portons donc l’effort sur les véritables causes, dont les transports et l’habitat.

Le développement de l’éolien à grande échelle n’est pas la panacée puisqu’il s’agit d’une énergie intermittente, non prédictible et non stockable : le revers de l’Energiewende en Allemagne est éloquent.

Un tel projet ne pourrait avoir lieu si l’électricité produite n’était pas rachetée par EDF au prix fort.

Les avantages financiers qu’apporteraient ce projet aux collectivités territoriales ne peuvent suffire à l’accepter compte tenu des nombreuses nuisances que le projet engendre.

La concertation en amont du projet a été déficiente.

La distance du projet aux habitations (570 à 800 m) est insuffisante compte tenu de la hauteur des éoliennes. Elle devrait être au moins de 1000 mètres et de préférence de 2000 mètres.

Le projet est à un mauvais emplacement puisqu’il nécessite des bridages pour réduire l’impact sonore.

Le principe de précaution devrait s’appliquer compte tenu des risques sanitaires, dont ceux des infrasons.

Les flashs rouges émis la nuit constitueraient une nuisance intolérable pour les riverains et provoqueraient une pollution visuelle très importante jusqu'à plusieurs dizaines de kilomètres.

Un Parc Naturel Régional n’est pas le meilleur emplacement pour des engins de 200 mètres de haut.

Aucune éolienne ne devrait être autorisée dans des espaces boisés qui nécessitent un défrichement.

Les éoliennes sont une gène pour l’intervention des avions bombardiers d’eau.

Les nuisances qui seraient causées par le chantier de construction n’ont pas été présentées aux riverains.

Il est contestable que le démantèlement total du socle en béton armé ne soit pas prévu.

Les pales, qui sont en matériaux composites, constitueront des déchets non recyclables à la fin de l’exploitation.

La construction de cette centrale nécessite l’utilisation de plusieurs centaines de kg de terres rares dont l'extraction est polluante et produit des déchets radioactifs ;

La très riche biodiversité du site est incompatible avec ce projet. Le conseil scientifique du PNR et le conseil national de protection de la nature (CNPN) ont émis un avis défavorable. Le CNPN considère qu’il n’est pas certain que la condition impérative d’intérêt public majeur de ces éoliennes soit avérée.

La Dordogne, département peu venté, est mal adaptée à ce type d’énergie renouvelable, mais dispose de solutions alternatives. Des projets à taille humaine (et concertés en amont pour éviter les nuisances) sont possibles : hydro-électricité, bois-énergie, méthanisation, solaire sur des bâtiments ou des terrains artificialisés.

Ce projet est incompatible avec les activités de tourisme vert.

L’acceptabilité sociale de ce projet pose problème. Un tel projet ne doit pas se faire contre la population. Le grand éolien est source de discorde dans nos villages.