Au premier semestre 2024, le Parc avait organisé des consultations des élus et des habitants pour connaître leurs attentes à la nouvelle charte .Celle-ci devait initialement entrée en vigueur l’année prochaine (2026). Depuis, les habitants n’avaient aucune nouvelle et seul ceux qui suivent vaguement l’ordre du jour des réunions du comité syndical pouvaient constater que les travaux avançaient, mais moins vite que prévu. La nouvelle charte semble prévue pour 2028.
Mais est-ce qu’on tient compte des suggestions et propositions des habitants ?
Réponse au mois d’octobre 2025 soit 15 mois plus tard !
Publication sur le site du parc le 31 octobre 2025:
« Au début du mois d’octobre, trois soirées de restitution ont été organisées, à destination des acteurs du secteur agricole et forestier, mais également des habitants ayant participé aux ateliers de La Fabrica. L’idée de ces rencontres était de revenir sur l’ensemble des propositions formulées par les participants de la concertation au printemps 2024 et de montrer comment celles-ci avaient été intégrées au projet actuel. »
J’ai pu consulté les documents de présentations des réunions forêt et La Fabrica (les ateliers d’habitants tirés au sort début 2024).
Les points généraux sont identiques dans les deux documents.
On constate que l’information de l’existence d’une enquête publique qui devra se tenir avant l’adoption de la nouvelle charte, est reléguée à la fin des présentations. Comme s’il s’agissait d’un point négligeable. Est-ce pour être certain que personne ne participera que cette enquête est prévue pour le mois d’août dans deux ans, soit août 2027 ?
Pourquoi uniquement les acteurs du secteur forêt ont eu droit à la citation de l’article de loi qui régit les parc naturels régionaux ?
L’article R333-1 du Code de l’environnement.
Créé à l'initiative des régions, dans le cadre de leur compétence en matière d'aménagement du territoire, un parc naturel régional a pour objet :
1° De protéger les paysages et le patrimoine naturel et culturel, notamment par une gestion adaptée ;
2° De contribuer à l'aménagement du territoire ;
3° De contribuer au développement économique, social, culturel et à la qualité de la vie ;
4° De contribuer à assurer l'accueil, l'éducation et l'information du public ;
5° De réaliser des actions expérimentales ou exemplaires dans les domaines cités ci-dessus et de contribuer à des programmes de recherche.
Vous remarquerez qu’il n’est pas question d’une obligation d'œuvrer activement pour l’installation d’infrastructures de production d’énergies renouvelables ! D’ailleurs, est-ce qu’un parc naturel est légitime de favoriser certaines entreprises industrielles privées plus que d’autres ?
Autre information qui n’a pas été donnée aux « simples » habitants :
Une note (page 4) informe les acteurs du secteur de la forêt que « la gouvernance sera peut-être amenée à évoluer dans la nouvelle charte. » Dans quel sens ? On pourra déjà suggérer qu’il sera bien que les procurations ne soient possibles qu’à l’intérieur d’un collège. Donc un élu d’une commune ne pourra donner procuration qu’à un autre élu d’une commune et pas à un délégué de la région (et vise versa) car la valeur des voix n’est pas identique.
Un vrai collège démocratique serait que chaque personne n’a qu’une seule voix. Actuellement, même si aucun élu local ne vient à une réunion, la région a assez de voix pour valider n’importe qu’elle proposition (valeur des voix dans le comité syndical des 8 élus région 45 %, des 4 émis départements 10 %, 12 personnes ont plus à dire que les 123 élus des communes. Dans le bureau syndical c’est pire, les 4 élus de la région ont 65 % des voix, les autres 31 personnes n’ont qu’à se taire. – Ce n’est pas étonnant que beaucoup de délégués ne se déplacent plus aux réunions.)
Il y a au moins une bonne idée dans le document « forêt », peut-être il y en a d’autres.
La mesure 7 « atteindre un haut niveau de biodiversité » la proposition d’une stratégie locale d’aires protégées en lien avec la stratégie nationale (SNAP) https://www.ofb.gouv.fr/la-strategie-nationale-pour-les-aires-protegees
Le document « la Fabrica » parle à plusieurs reprise de transition. Sans aucune définition du mot. On est en transit d’où à où ? C’est bien des « transitions à engager » Mais encore ? Trois pages plus loin (p. 14) on apprend au moins que le développement des énergies renouvelables (sans autre précision) est une transition. Toutefois, le mot transition est souvent utilisé au pluriel.
Sur la même page il est question d’ « innover pour concilier développement et sobriété foncière ». Au cas où un(e) responsable du parc lit cet article, il/elle pourra peut-être expliquer ce que cela veut dire.
Dans les deux documents, leurs auteurs mentionnent des mesures à engager.
Si l’on part du principe que les mesures prioritaires ont un numéro plus petit que les mesures de moindre importance, le développement des énergies renouvelables (mesure 14) a beaucoup plus d’importance que, par exemple, le soutien aux transitions du monde agricole (mesure 24).
Quant à l’ « impliquer les habitants », c’est la 30e sur 32.
Question : est-ce qu’on a tenu compte des avis des habitants et des élus consultés au printemps 2024 ? J’ai un doute.
Personne ne s’était exprimé sur la nécessité ou l’intérêt de développer les énergies renouvelables. Les élus ont même précisé « implanter des panneaux photovoltaïques QUE sur les surfaces déjà artificialisées » et « définitivement éliminer les projets éoliens industriels (toujours incompatibles des objectifs paysages du parc ; » (restitution à Cussac, avril 2024 p. 27)
Conséquence ? Un projet de cartographie des renouvelables y compris l’éolien et des gardes-fou pour « garantir un développement éolien respectueux et intégré ;... » (mesure 14)
Il faut souligner que la question des éoliennes n’est pas du tout une question de « paysage » qu’il soit ordinaire ou remarquable (qu’est qui définit un paysage remarquable ? Le nombre de touristes?) Les questions essentielles dans notre parc naturel régional sont celles liées à l’eau et à la faune volante.
- Il est inadmissible de bétonner les sources, le parc étant tête de bassin versant des bassins de la Charente, la Dordogne et la Vienne. L’artificialisation affecterait des populations qui habitent loin du parc naturel. Angoulême dépend de l’eau du Bandiat et de la Tardoire, Périgueux de l’eau de la Dronne et de ses nombreux affluents ;
- Tout le territoire est dans l’axe la voie migratoire majeure ! Comment peut-on envisager d’y construire des éoliennes si même un financeur du parc, l’ADEME écrit dans son guite « Tout comprendre : l’éolien » :
« L'installation doit se faire hors des couloirs de migration ou des zones sensibles pour les oiseaux nicheurs, comme les zones de nidification. » (p. 8) ?
Il faut inscrire l’existence de la voie migratoire dans la nouvelle charte !
Pour finir un petit détail amusant. Dans le document forêt, les auteurs mentionnent que le parc cherche un ou une stagiaire technicien forêt. Puis quelqu’un a trouvé malin d’ajouter une illustration qui montre des hommes en costumes.
Sigrun Strunk, Javerlhac
Lien vers la publication sur le site du parc le 31 octobre 2025
On peut télécharger le guide de l’ADEME https://librairie.ademe.fr/energies/7345-tout-comprendre-l-eolien-9791029723247.html