A l’invitation du Groupe Ribéracois du CDD Périgord Vert, nous sommes réunis au Café Pluche ce premier vendredi du mois de juillet pour évoquer les élections municipales de mars 2026. Au menu, trois témoignages de maires et un point sur les changements découlant de la récente loi sur les municipales 2026.
Nous sommes sur la commune de Comberanche-Epeluche (environ 170 habitants), et c’est tout naturellement sa maire, Muriel Cassier, toujours en activité et en cours de 2ème mandat, qui témoigne :
« Il faut en avoir vraiment envie car le mandat de maire de village est un gros investissement personnel, y compris en terme familial ».
Il se double d’un engagement à la Communauté de communes du Périgord Ribéracois (CCPR). La municipalité compte actuellement 7 conseillers (maire inclus) et s’appuie sur du bénévolat. Avoir une bonne secrétaire de mairie est essentiel. Céline, son adjointe (co-présidente du Café Pluche), indique que toutes les décisions sont discutées en conseil municipal. Elle s’interroge sur l’application de la parité femme/homme dans les très petites communes et trouve qu’elle peut représenter un frein si elle impose de devoir rechercher des femmes qui ne se sont pas motivées.
Deuxième témoignage, celui de Monique Boineau-Serrano, retraitée et maire de Chassaignes (82 habitants), commune qui a connu au cours des dernières décennies un changement total de population, aujourd’hui très cosmopolite. Elle est en cours de 2ème mandat. Le conseil municipal compte 7 conseillers (maire inclus), 5 femmes et 2 hommes. La parité requise par la nouvelle loi ne sera peut-être pas simple à obtenir ! Même si elle est bien entourée, tout repose sur la maire qui est en outre vice-présidente de la CCPR, en charge du périscolaire et des personnes âgées, siège au GAL (Groupe d’Action Local du Pays Périgord Vert) et à la commission préfectorale en charge des OQTF. Son mandat exige une disponibilité maximale, un réel sens de l’écoute des gens, avec une composante sociale importante. Elle évoque la mairie, lieu de rencontre et les possibilités de mutualisation avec d’autres communes. Elle partage déjà positivement le secrétariat de mairie et l’employé communal avec sa collègue de Combéranche Epeluche, et se dit prête à éventuellement fusionner avec une autre commune voisine. Note finale : elle termine toujours ses Conseils communaux de façon conviviale autour de crêpes.
C’est enfin Régis Defraye, jeune retraité, maire de Verteillac (environ 600 habitants) qui témoigne. Il achève un 1er mandat. En 2020, il crée un collectif de citoyens qui organise une 1ère réunion publique qui à la surprise générale rassemble 100 participants. Répartis en 10 tables de 10, ils vont imaginer comment sortir Verteillac d’une certaine torpeur ce village qui a perdu une centaine d’habitants. Il en ressort 78 propositions. Une 2ème réunion publique permettra de prioriser et d’en conserver 24. C’est de ce collectif que naîtra la liste de 15 personnes qui se présenteront aux élections de 2020 et seront élus (9 hommes et 6 femmes). Devenu maire, Régis va repenser le fonctionnement de la vie municipale, ne conservant que 3 commissions d’élus (Urbanisme, Finances et Appel d’Offres) et transformant les 11 autres (sécurité, sport, transport, communication, écologie, …) en des comités présidés par des conseillers municipaux et largement ouverts aux citoyens non élus de la commune, voire d’experts ou de personnes ressources de communes avoisinantes. Quand la commission culture de l’ancienne municipalité se résumait à 2 élus, le nouveau comité culture compte 18 personnes qui ont défini un plan de développement culturel à 5 ans. Chaque élu a une délégation totale sur sa compétence, le maire n’intervient pas, c’est sa façon de les responsabiliser et ça marche ! Autre valorisation des conseillers municipaux mise en place : chaque élu, et pas seulement le maire et ses adjoints, reçoit un dédommagement financier de 60 euros par mois, le total des indemnités possible est ainsi partagé avec l’ensemble du Conseil ce qui motive les conseillers et couvre leurs frais de déplacement. Leitmotiv du maire et de son équipe : participation citoyenne et démocratie implicative. Le danger de la participation citoyenne ? : c’est de donner le pouvoir à une minorité qui décide…
Dans une 2ème partie de ce café-citoyen, sont présentées et discutées les nouvelles règles qui présideront aux prochaines municipales de mars 2026. La discussion s’engage à partir du diaporama de l’Association des Maires de France. Les deux modifications majeures sont la parité généralisée aux communes de moins de 1000 habitants et les listes bloquées.
Sur la parité, certains s’interrogent sur son applicabilité aux très petites communes. D’autres rappellent que quelles que soient les difficultés qui pourront être rencontrées ici ou là, le principe de parité a fait progresser la société partout où il a été introduit.
Sur le principe de la liste bloquée, les élus et habitants de petites communes rurales considèrent que les habitudes bien ancrées de listes où l’on peut rayer un nom, en ajouter un, voire panacher dans l’hypothèse où il y a 2 listes, vont être contrariées. Comment vont réagir les électeurs ? Y aura-t-il un afflux de bulletins nuls ? Ce principe ne va-t-il pas politiser les élections et pousser à la constitution de 2 listes quand jusqu’à présent une liste rassemblait les bonnes volontés sur la base d’un souhait partagé et consensuel de faire vivre les petites communes en question ?
Les échanges se poursuivent tout au long de la soirée dans le cadre champêtre du Café Pluche, en bord de Dronne.
Merci aux maires pour leurs témoignages, aux participants pour leur écoute et leurs questions, au Café Pluche pour son accueil !
Pour en savoir plus : sites internet de l’AMF et de l’UDM 24
Paul Brejon et Jean-Luc Pujols


