jeudi 6 février 2025

Retour sur les réunions publiques, révision de la charte : objectif 2041

 Introduction

J'ai participé à l’une des réunions publiques sur la révison de la charte du Parc Naturel Régional Périgord Limousin. Je me demandais donc assez naturellement ce qui avait été proposé dans les différents groupes. J'ai l'impression que les participants n'ont pas toujours posté leurs remarques et suggestions sous le « bon » intitulé. Il faut dire que je ne savais pas non plus toujours où apposer un post-it donné.

Dans ce billet, je m'intéresse uniquement à la question des énergies renouvelables. De regarder les aspirations des habitants du parc sur les questions de l'eau et de la forêt serait tout aussi intéressant. Mais, il faudrait faire d'autres articles,si je ne veux pas être aussi illisible que le document du parc.

Lieux des réunions :

Chalais (25 mai 2024)

Champagnac-la-Rivière (25 mai 2024)

Milhac-de-Nontron (21 mai 2024)

Pageas (21 mai 2024)

Sujets des panneaux sur lesquelles on pouvait poser de post-it ; (entre parenthèses chaque fois la ou les pages dans le document nommé : « annexes CS 26.06.2024.pdf »)

1) Préserver les paysages tout en imaginant et en accompagnant leur évolution dans un contexte de changement climatique (p. 2)

17 propositions dont

-  Ne pas défigurer les paysages avec les parcs éoliens et

-Des éoliennes dans le paysage du Parc cela me choque : incohérence.

2) Créer une dynamique harmonieuse sur la gestion multifonctionnelle des forêts en tenant compte des paysages, des changements climatiques, des risques et de la biodiversité (p. 3 et 4)

27 propositions

3) Préserver les zones humides et les cours d’eau. Préserver la qualité de la ressource en eau et veiller à ce que l’accès à l’eau potable de qualité soit possible pour tous. (p. 4 et 5)

21 propositions dont 2 concernant l'énergie renouvelable

- Constructions éoliennes, fuite huile dans les zones humides. Garder les zones pour notre ressource en eau sans pollution.

- Intégrer des systèmes de production d’énergie renouvelable de valorisation de la ressource eau par la construction d’hydrolienne à tourbillon. La production électrique amène de l’argent qui peut être réutilisé pour la préservation de la ressource eau.

Et deux autres qui parlent de risques de tout projet dans une zone humide

- Projets industriels : risques importants de pollution

- Interdire l’artificialisation des zones humides, ne pas se contenter de mesures de compensation

3 bis) Préserver les zones humides et les cours d’eau. Préserver la qualité de la ressource en eau et veiller à ce que l’accès à l’eau potable de qualité soit possible pour tous (suite). (p. 5)

Il n'y a que deux phrases, sans citer de lieu. Il y est question des distances des projets industriels aux cours d'eau :

« - Il est nécessaire de mettre en place des articles dans la nouvelle charte qui limitent les distances des usines industrielles éoliennes et photovoltaïques privées des zones humides et cours d’eau. Il faut un minimum de 2 km de protection de toute source, rivière et zones humides. »

4) Sauvegarder et mettre en valeur nos patrimoines culturels, naturels et bâtis (p. 5 à 7)

24 propositions

4 bis) Sauvegarder et mettre en valeur nos patrimoines culturels, naturels et bâtis (suite) (p. 7)

9 propositions dont trois concernent les énergies renouvelables

- Pour les ENR, comme les éoliennes, en s’appuyant sur la loi constitutionnelle de 2005, rendre le bridage des éoliennes obligatoire du fait de la migration des oiseaux (le site de Peyrassoulat se situe sur le grand trajet de migration d’Europe de l’Ouest.

- Il serait intéressant d’inscrire la demande de dérogation d’espèces protégées (DEP) dans la charte. Cela permettrait de protéger les nombreuses espèces qui vivent ou passent dans des zones naturelles (comme à Peyrassoulat).

- Il faut mettre en place des articles dans la nouvelle charte qui met en place des limites de distances et de hauteur pour les énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque) à proximité de nos sites remarquables et patrimoine historique.

5) Favoriser l’habitabilité du territoire dans un contexte de changement climatique (p. 7 et 8)

14 propositions

6) Accompagner notre territoire vers la sobriété et l’autonomie énergétique. (p. 8 et 9)

22 propositions qui ne parlent pas uniquement d'énergie renouvelable, mais aussi de l'absence de transport en commun, de pistes cyclable, de sobriété, etc.

- Faire en sorte que les projets énergétiques déraisonnables ne soient pas possibles dans le PNR comme les éoliennes industrielles.

- Les projets éoliens sur le territoire sont nombreux et resserrés : Bussière-Galant x 6 – Ladignac le Long x 3 – La Meyze x 3. Impact paysager et biodiversité. Position du Parc.

-  Eoliennes ? Compatibilité ? -

 Eoliennes = désastre écologique (socle en béton, courants d’air artificiels limitant la pollinisation par rapport aux oiseaux). Privilégier les hydroliennes à tourbillon (« turbulent » par ex) : turbines en dérivation respectueuses de la biodiversité.

- Ne pas promouvoir les projets « citoyens » à tout prix. Vérifier que ces projets ne sont pas soutenus par les gros industriels avant de les favoriser.

6 bis) Accompagner notre territoire vers la sobriété et l’autonomie énergétique (suite) (p. 9 et 10)

10 propositions sans indication de lieu et des approches aussi variées qu'au point précédent. Je retiens quelques remarques.

- informer les citoyens sur autonomie individuelle en énergie renouvelable.

- Faire attention à la consommation indirecte d’énergie causée notamment par la fabrication de matériel et par l’usage d’internet. Préconiser une distance de sécurité entre les éoliennes et les zones de passage et de repos d’oiseaux migrateurs (risque de collision avec les pales, régulièrement documentés).

7) Préserver et restaurer les trames écologiques. (p.10 et 11)

18 propositions dont deux qui mentionnent les énergies renouvelables.

8) Entraîner les habitants du territoire dans le projet Parc en privilégiant la communication, la sensibilisation, l’écoute, la mobilisation et l’implication. (p. 11 et 12)

18 propositions, 1 exemple

- Avoir plus de temps de parole et de débat sur la charte en cours d’élaboration. Associations et habitants.

8 bis) Entraîner les habitants du territoire dans le projet Parc en privilégiant la communication, la sensibilisation, l’écoute, la mobilisation et l’implication (suite) (p. 12)

5 propositions, sans lieu

9) Accompagner et soutenir la profession agricole sur des démarches durables préservant les ressources et pour une alimentation saine et abordable. (p. 13 et 14)

16 propositions et questions. Ici aussi on mentionne les énergies renouvelables (Enr)

- Protéger les agriculteurs sur la spéculation des terres pour des objectifs non agricoles (constructions habitats, ENR éolien sur terres agricoles).

9 bis) Accompagner et soutenir la profession agricole sur des démarches durables préservant les ressources et pour une alimentation saine et abordable (suite). (p. 14)

Cinq points sans lieu

10) Activités économiques – Promouvoir et soutenir les ressources économiques locales (p. 14 et 15)

16 propositions

11) « Frigo à idées » (p. 15)

8 idées, questions, propositions qui n'ont pas trouvé leur place ailleurs.

Y compris celle qui fâche

- Rendre le PNR plus démocratique. Ce n’est pas normal que 8 élus (région) + 2 (départements) sur 135 aient 55% des voix.

En effet ce n'est pas très démocratique. Je l'ai déjà dit ailleurs.

Ateliers La Fabrica

Ces ateliers ont eu lieu à quatre endroits du parc avec 86 habitants tirés au sort.

Les thématiques que les groupes pouvaient traités étaient les mêmes que celles des réunions.

AUCUN groupe n’a choisit les sujets

- Accompagner notre territoire vers la sobriété et l'autonomie énergétique

- Entraîner les habitants du territoire dans le projet Parc en privilégiant la communication, la sensibilisation, l'écoute, la mobilisation, l’information et l'implication (p. 73)

Commentaire

Que l'autonomie énergétique n'a pas inspiré les participants, ne veut pas dire que le sujet des énergies renouvelables n'a pas été évoqué. Il est mentionné :

- dans le cadre de « l'habitabilité » pendant la restitution le 23 avril à Cussac, on lit sous la « bulle » côté élus

N’implanter de panneaux photovoltaïque QUE sur des surfaces déjà artificialisées

Définitivement éliminer les projets éoliens industriels (toujours incompatibles des objectifs paysages du parc) (p. 43)

- dans le cadre de la promotion des ressources économiques locales, avec une « bulle » énergies renouvelables.

Signaux faibles :

Pas d’éoliennes ! ++

Quelles alternatives aux éoliennes ?

Photovoltaïque sur des bâtiments existants ++

Photovoltaïque sur les toits des équipements

Agrivoltaïque (arboriculture et élevage) +++

Photovoltaïque sarcophages sur anciennes décharges (à repérer avec les habitants)

Vigilance sur les structures alternatives énergétiques + (p. 44)

- dans le cadre de l'agriculture « 

Éléments négatifs :

Implantation de projets de photovoltaïsme ou d’éolien en dehors de bâtiments ou mal placé (p. 65)

Est-ce que les inquiétudes des citoyens / habitants du parc naturel trouvent un echo dans les travaux sur la révision de la charte ?

J’ai l’impression que les élus et le bureau d’étude qui travaillent sur le projet de charte ne s’occupent pas du tout des aspirations des citoyens. Il n’est pas du tout prévu d’entendre le rejet des éoliennes industrielles, au contraire on laisse dire un élu (et associés de la société « citoyenne » qui projette de construit des machines à Bussière-Galant et Rilhac-Lastours), je cite : »qu’un captage d’eau est en limite de projet. D’autre part, le syndicat des eaux est ent rain de redéfinir l’aire de captation à proximité, » (Commission Transition énergétique & Adaptation au changement climatique 26 juin 2024 – Cussac – p. 3)

D’un côté le parc mène un programme ambitieux pour la protection et la restauration des zones humides, de l’autre côté des élus veulent sacrifier leur eau potable sur l’autel de l’énergie électrique, probablement convaincus que l’électricité peut se boire.

Et pourquoi la commission des énergies renouvelables ne s’intéresse pas aux aspects écologiques (artificialisation des sols en tête de bassin versant, dégradation de la biodiversité, perturbation de la migration des oiseaux, etc.) Au moins ces élus devraient tenir compte des positions de la région Nouvelle-Aquitaine. L’ambition numéro un de Néo-Terra « La région Nouvelle-Aquitaine s’engage fermement dans la lutte pour la préservation de l’eau, ressource essentielle et menacée. » A un moment où les tensions sur l’eau montent ou les sécheresses sont plus longues qu’autrefois, est-il judicieux de l’ignorer ?

La décision d’écrire une charte des énergies renouvelables.

J’ai dû chercher pour trouver la délibération concernant la charte des énergies renouvelables. Il s’agit de la délibération numéro 7_2024 du comité syndical du 13 février 2024.

On peut y lire : « Afin de faciliter l'appropriation de cette démarche qualitative par les élus du Parc, en faveur des ENR mais dans le respect des autres axes de la Charte, il est proposé d'initier une réflexion sur une charte spécifique pour le développement des énergies renouvelables sur le territoire du Parc, » Pourquoi écrit-on « mais dans le respect des autres axes » au lieu tout en garantissant le respect des autres axes ?

Et pourquoi solliciter l’association CIRENA ? Le rapporteur Emmanuel Dexet (maire de Bussière-Galant où il y a un projet d’éoliennes industrielles) mentionne que le parc est membre de CIRENA. CIRENA est l’abréviation de citoyens en réseau énergies renouvelables en Nouvelle-Aquitaine qui n’a de citoyen que le nom. En effet, aucune personne physique ne peut devenir membre et tous les entreprises, comme EOL 87 ou encore Encis sont des acteurs actives pour les énergies renouvelables avec l’énergie éoliennes mise en avant. Les employés « les générateurs » sont intégrés dans CIRENA et apparaissent dans la liste des salariés sur le site. (https://cirena.fr/lequipe/)

N’est il pas l’intérêt d’un bureau d’études d’apporter un regard extérieur et indépendant à son client ? Comment cette association pourrait le faire, vu que le client fait partie de ces membres ?

Une autre question que je me pose est la suivante : Est-il pertinent d’élaborer une « charte » qui traite les sollicitation d’un avis au cas par cas ? Ne faudrait-il pas clairement définir un cadre général le plus objectif possible ? On devrait y trouver des points essentielles comme, pas d’énergies renouvelables en forêt (pas de défrichement), pas non plus à proximité de zones humides et de cours d’eau (distance minimale 500 m?), pas d’éolienne industrielles à moins de 1.000 m des habitations (les machines de nouvelle génération font entre 250 et 261 m de haut!), pas de projets qui empêcheraient la pose des oiseaux migratoires. Définir la hauteur maximale et les endroits possibles pour du agrovoltaïque et leur distance à la forêt (risque d’incendie). Si on projet se prétend citoyen ou non ne devrait pas être un critère car trop flou et non pertinent.

En effet, comment définir un projet « citoyen », par le financement apporté (p. ex. un minimum de 20 % d’autofinancement), par le lieu d’habitation (un citoyen habitant p. ex. à Paris est-il considéré comme citoyen), le nombre de personnes (une association de protection de l’environnement comme la SEPANSo a plus de citoyens adhérents que beaucoup d’entreprise) ?

Un parc naturel n’a pas vocation à devenir un parc industriel. Les citoyens qui y habitent et ceux qui viennent pour leurs vacances apprécient justement la grande biodiversité que nous avons encore et qui est essentielle paur la survie de l’humanité.

Sigrun Strunk - Javerlhac