mardi 3 décembre 2024

La rivière, un commun: synthèse de la journée à Javerlhac.

Synthèse, écrite par Catherine Petit, de l’intervention de Clara Soleilhavoup, designer, lors de la journée « La rivière, une amie pour la vie » organisée par le CDD Périgord Nontronnais, le 19 octobre 2024 à Javerlhac


Pour avoir une réflexion sur la rivière un commun, il faut commencer par définir ce qu’est le paysage des eaux et comment il est géré. Depuis 1964 les lois françaises suggèrent la concertation des usagers et des élus pour nos activités de protection, de planification et d’utilisation des ressources en eau. Ces lois régissent les activités par bassin, par exemple le bassin de l’Adour-Garonne, et sous bassin versant (Charente, Dordogne). Ce découpage prévoit l’écoute des usagers et des élus aux cours de commissions locales de l’eau (CLE). Cette gestion a priori locale, cohérente et fédératrice aux cœurs du bassin de vie est proche d’une conception biorégionaliste. Elle semble idyllique, cependant un sentiment global de dépossession chez les usagers se creuse. On ne sait pas à qui revient la responsabilité de cette gestion de l’eau.

Clara Soleilhavoup


Face aux mutations paysagères et climatiques, le devenir de la ressource en eau inquiète. Comment réagir ? Sur quoi faut-il agir ? C’est là que l’appellation « commun » prend son sens. Un commun ce sont des personnes qui s’auto-organisent autour d’une chose (une ressource par exemple) qui les concerne et les responsabilise, et où elles y poursuivent des activités génératives (aménagements,  gestion locale et approvisionnement…)*. En fait, c’est un mélange entre une ressource (l’eau) autour de laquelle une communauté instaure des pratiques (moulin…), organise et régule ces pratiques. Les documents graphiques permettent la reconnaissance locale et sociale de ces structures pas tout à fait identifiées, entre le public et le privé, il est question de leur trouver un espace au sein des représentations. 

Il  y a des milliers d’agents qui interviennent sur le paysage de l’eau, les usagers et les gestionnaires. Faut-il les séparer ?  A partir du moment où l’on ouvre un robinet ou on gère un moulin, on est forcément responsable de l’altération de la ressource, ce qui entraine notre responsabilité. L’usager est donc aussi gestionnaire. Tous les utilisateurs sont gestionnaires. Mais il y a ceux prévus par la loi et ceux qui vont adapter cette gestion aux contingences locales (ex : association de spéléologues, randonneurs, pécheurs, CDD…..). Comment faire commun entre toutes ces institutions et associations ? Des outils de concertation et de participation ont vu le jour pour pallier à des frustrations. Ces démarches participatives ne sont pas suffisantes. Il faudrait penser le processus de participation comme un moyen de cartographier les polarités entre tous les agents et leur donner une place au milieu d’une représentation graphique.

Reconnaitre un commun c’est continuer d’actualiser une documentation sur les pratiques qui sont ancrées sur un territoire. Une carte représentative du milieu nature, culture, humain, non humain permettant une vision sensible, et mettant tout le monde sur le même plan pictural. C’est ce que propose de faire le Parlement de Loire**. C’est un projet à propos du fleuve Loire pour reconnaitre la personnalité juridique de Loire. Ce projet prend appui sur d’autres exemples internationaux (notamment la Nouvelle Zélande). En 2017 la communauté Maori réussit à faire reconnaitre le fleuve   Wanganui  comme un ensemble vivant, intégrant à la fois le fleuve et les communautés riveraines.


La généralisation de ce projet en France semble difficile du fait de la tradition juridique et légale française qui ne peut donner une entité juridique à une entité naturelle

Pour continuer vers cet objectif le parlement de Loire veut réaliser un état des lieux et une reconnaissance du paysage par les communautés qui soutiennent et supportent le fait de prendre soin d’un paysage et d’une ressource.

Il faudra mettre en commun tous les documents qui existent dans les différents services, institutions, associations ou réalisés lors de réunions. Tout regrouper pour connaitre le paysage et la communauté qui se trouve derrière ce paysage. Le Bandiat ne pourrait avoir une personnalité juridique que si la communauté soutient le projet car c’est elle qui parlerait en son nom.

Synthèse réalisée par Catherine Petit

Pour l’équipe CDD Périgord Nontronnais


*Alessia Tanas et Serge Gutwirth, « Une approche « écologique » des communs dans le droit », In Situ. Au regard des sciences sociales.

** Tolédo, C., 2021, Le fleuve qui voulait écrire, Paris, Manuella Editions-LLL Les liens qui libèrent, 377 p.