vendredi 1 mars 2024

Contribution PADD (Plan d'aménagement et de développement durable)

  Contribution PADD  (26 février 2024)

Le Périgord vert est un territoire d’avenir.

Face au réchauffement climatique le Périgord vert bénéficie d’une situation privilégiée. Il ne connaît ni la désertification liée à la sécheresse, ni le recul du trait de côte lié à la hausse du niveau des mers... Il doit, encore impérativement, protéger la forêt, préserver la qualité des sols et de l’eau, régénérer la biodiversité, être partie prenante de la transition écologique, conserver son caractère authentique et champêtre...

Il possède un tissu industriel de qualité avec une main d’oeuvre qualifiée mais insuffisante en nombre. C’est une région attractive à condition d’offrir à ceux qui veulent s’y installer des conditions de vie répondant à leur choix et à leurs besoins qui ne sont plus ceux du XXe siècle...

L’habitat

Qui peut imaginer que des actifs vont s’installer en Périgord vert pour habiter dans des immeubles de centre-ville mêmes rénovés à des coûts pharaoniques alors qu’ils souhaitent de la ruralité, de la « verdure », un environnement bucolique c’est-à-dire à minima posséder un petit bout de jardin. Les jardins, bien que encore comptabilisés dans les zones urbanisées, sont des îlots de fraîcheur et des réserves de biodiversité.

Qui peut imaginer que des actifs venant s’installer en Périgord vert vont renoncer à acheter (et vendre) sur internet ? Les conséquences sur le commerce local à cause de la concurrence sur les prix, de la variété du choix, de la commodité d’envoi et de réception des colis ne sont jamais ni évoquées, ni mesurées. Il suffit cependant de voir le nombre de lockers qui existent déjà sur les parkings des surfaces commerciales et chez les petits commerçants pour mesurer l’importance de ces échanges). Combien de communes de la CCPN, excepté les 5 communes petites villes de demain, possèdent encore un éventail de commerces de bouche ou de première nécessité ? Les communes les moins peuplées peuvent-elles faire vivre des commerces indispensables non aidés par les municipalités ?

Seules les personnes âgées (et des jeunes adultes célibataires venant travailler plus ou moins temporairement souhaitent vraiment un petit logement en centre ville (en rez-de- chaussée pour les plus âgés). Ces personnes vont privilégier les communes qui peuvent fournir des commerces, un équipement médico-social pour les uns, des lieux de convivialité pour les autres.

Les résidences intergénérationnelles sont très séduisantes mais quel pourcentage de personnes âgées peut être concerné par ce type de projet ? Des entreprises comme Ages et Vie ont décidé d’abandonner la Dordogne dès la mi-octobre 2023 compte tenu de la difficulté à remplir des maisons dont l’organisation était assez analogue. (La maison de Rouffignac-Saint-Cernin est remplie à 25%). Le reste à charge reste très élevé pour un certain nombre de personnes âgées.

Il est possible que la révision du DPE ouvre de nouvelles possibilités de location et réduise le nombre de petits logements vacants..

Le souhait de logements plus petits est une réalité qui incite à l’installation d’habitat léger.

Cet habitat léger répond soit à une un mode de vie alternatif déjà largement représenté sur le territoire de la CCPN, soit à la nécessité de se loger pour des personnes en grande précarité. Les population nomades ou saisonnières peuvent aussi être intéressées.

C’est un habitat pérenne sans fondations, réversible, sans eau, sans électricité, sans assainissement avec partage d’espace avec les autres membres de la communauté quand elle existe. Il prend plusieurs formes : tiny house, yourte, roulotte, zôme, conteneur... C’est toujours une résidence principale.

Encourager ce type d’habitat c’est aussi encourager le développement des modes de vie alternatifs dont les motivations sont estimables (donner du sens à sa vie, rechercher la liberté, préserver l’environnement, la santé, choisir un habitat participatif pour partager ensemble...) mais qui demandent de rechercher les solutions permettant de réduire ses besoins à l’essentiel dans la consommation, le logement, le travail, les revenus, la nourriture (véganisme)... Choisis ou subis, ces modes de vie correspondent à une économie de la pauvreté selon les critères actuels.

Les contradictions créées par l’existence de normes contraignantes imposées aux constructions traditionnelles alors que l’habitat léger par définition ne peut y répondre créent chez certains habitants des incompréhensions, des mécontentements et un sentiment d’arbitraire. De plus, l’habitat léger favorise le mitage du territoire en contradiction avec la volonté de densification urbaine mais il est économe en énergie...


 Selon la loi ALUR (art 157 mod. art.25 loi LAAF) ce sont les élus locaux qui ont la main. Des pastilles peuvent être portées sur le PLUi-H. La procédure d’acceptation est complexe et nécessite des autorisations de diverses commissions aussi les risques de

« cabanisation » (implantation sans autorisations) sont importants. Par précaution, les municipalités ont avantage à connaître les appréciations des habitants de leur commune.

D’après le compte rendu publié, la réunion PADD du 12 décembre 2023 n’a pas évoqué les lotissements (zone AU). Si on prend comme exemple la commune de Piégut-Pluviers dont le PLU a été voté en 2008 avec un objectif de croissance de la population de + 1% par an pendant 10 ans ce qui induisait la création de 6 logements neufs par an d’où la création de 3 zones AU1 et une zone AU2. On constate que la population en 2010 était de 1227 hab et de 1182 hab en 2015. En 2021 : 1183hab (chiffres INSEE sans la population comptée à part qui comprend certaines personnes dont la résidence habituelle est dans une autre commune mais qui gardent un lien de résidence avec la commune par exemple les étudiants, personnes âgées en maisons de retraite).

Malheureusement les projections de 2008 se sont révélées inexactes puisqu’aujourd’hui, la population 1180 habitants est en retrait par rapport à 2008 alors que le « calcul des besoins en fonction des objectifs » en 2015 prévoyait 1550 hab. (ref PLU : cadre de référence de la politique d’ensemble de la commune). Le PLU devait donc dégager 23 hectares de zones constructibles qui n’ont pas été utilisées. Comment vont être déqualifiées ces zones alors qu’elles sont éloignées du centre-ville (environ 1,4km pour la plus grande, et 1,6km environ pour la plus éloignée d’autant que les lotissements constituent des puits de chaleur et participent à l’imperméabilisation des sols par la création de réseaux routiers internes au lotissement ?

Les flux d’habitants et le tourisme

A bas bruit, comme le montre la plateforme de la Maif (auxalentours) « l’idée se diffuse chez des personnes CSP+ ayant une conscience écologique, chez beaucoup de jeunes aussi, qu’à certains endroits il sera moins aisé de résister aux coûts du dérèglement climatique, alors elles adaptent leur habitat ou déménagent ». Elles déménagent, entre autre, dans le Limousin. auquel une grande part du Périgord vert appartient géographiquement et géologiquement ainsi que par son climat.

Une discrète redistribution des flux et des zones touristiques commence à apparaître car le réchauffement climatique est moins violent que dans d’autres régions où la chaleur, la sécheresse ou, au contraire les inondations, sont des inconvénients majeurs pour les vacanciers.

Le Périgord vert est particulièrement privilégié pour offrir un tourisme équitable, un tourisme lent, un tourisme durable qui respecte l’environnement. Le flow vélo en est un exemple remarquable. La sauvegarde des paysages est au coeur de ce tourisme mais les paysages urbains ne devraient pas être négligés. Il est parfois regrettable de constater que le charmant petit patrimoine, trace d’une société disparue, n’est pas entretenu comme il le mérite, que les couleurs, les matériaux, l’emplacement de certaines constructions ou édicules « portent atteinte au caractère ou à l’intérêt des lieux avoisinants, aux sites, paysages naturels ou urbains » et ne participent vraiment pas à l’agrément des bourgs ou hameaux. L’attraction des bourgs passe aussi par la végétalisation et la disparition des îlots de chaleur urbain (PCAET).

Marie Pauthier - Piégut Pluviers