mardi 7 février 2023

Assises départementales de la forêt, compte-rendu, réflexions, propositions

Octobre 2021, lancement des assises nationales de la forêt pour faire converger les différentes stratégies et les intérêts de l’ensemble des acteurs ( ONG, élus, amont et aval )  autour de la vision multifonctionnelle de la forêt et apporter des solutions concrètes et opérationnelles pour donner à chacun des acteurs les moyens de valoriser et pérenniser notre patrimoine forestier.


Le 2 février 2023 , quatre tables rondes étaient programmées pour aborder ces thématiques au théâtre de Périgueux à l’initiative du conseil départemental.


La Dordogne est le 3ème département de l’aquitaine en surfaces boisées après la Gironde et les Landes avec un taux de boisement de 45%, à 99 % en forêt privée et 180 000 propriétaires, le Parc naturel Périgord Limousin est quant à lui couvert de 55 000 hectares.


Les enjeux économiques et financiers sont importants, les emplois sont nombreux et il faut pérenniser cette filière dans les meilleures conditions possibles.
Les principales essences sont : le châtaigner, le chêne pédonculé, le chêne pubescent donc principalement des feuillus à ce jour.
La surface boisée augmente malgré les prélèvements principalement due à la déprise agricole.
Chaque année le taux d’enrésinement est de  85%  avec seulement 13% de plantations de feuillus, dans le cadre des plans de gestion.


A l’ordre du jour des assises :

 
-gérer la forêt et l’exploiter compromettent-il  la qualité des paysages et la biodiversité?
-pouvons- nous continuer de promouvoir et développer l’énergie bois sans détruire la ressource?
-comment adapter la forêt au changement climatique qui induit le dépérissement des espèces?
-peut- on développer une gestion moins impactante pour les sols et la biodiversité?
-quelles politiques mettre en place?


La gestion forestière est souvent au centre d’enjeux contradictoires.
On assiste à l’émergence d’un faisceau d’aspirations mêlant des considérations d’ordre environnemental, sociétal et ou culturel.  
Sensibiliser le public sur les dégâts causés par certaines pratiques actuelles et  l’urgence à développer des alternatives est sans doute nécessaire.
Reconnaître l’importance de toutes les composantes de la biodiversité, avoir des forêts mélangées en espèces et en âges se régénérant naturellement, maintenir une couverture forestière permanente, ne pas adapter la sylviculture par des plantations de monocultures, c’est le souhait des amoureux de la forêt.
Pour d’autres, il faut rentrer dans une logique industrielle pour abaisser les coûts de production et de plantation. Couper plus et planter plus est la politique des industriels de la forêt.


Les animateurs des 4 tables rondes ont globalement abordé toutes ces problématiques, économiques, sociétales et environnementales.
On peut cependant regretter le manque de temps pour les questions de la salle, un questionnaire de satisfaction sera peut être adressé aux participants.


Les 600 participants étaient  donc présents pour des raisons parfois divergentes.
Des propriétaires y voient un aspect patrimonial, économique, une valeur refuge, un moyen de réduire les droits de successions, et toujours plus de subventions.
D’autres pour les raisons évoquées ci-dessus, soucieux de l’environnement et de la menace qui pèse sur la biodiversité. On peut lire ici ou là des articles sur la stratégie régionale pour la biodiversité en nouvelle aquitaine, les forêts françaises en crise etc…


Concernant la monoculture qui est une menace aux yeux de certains il est bon de donner la définition de la forêt.
"Une forêt ou un massif forestier est un écosystème, relativement étendu constitué principalement d’un peuplement d’arbres, arbustes et arbrisseaux, ainsi que l’ensemble des autres espèces qui lui sont associées et qui vivent en interaction au sein de ce milieu" ( wikipédia).


Une forêt stabilise les sols, purifie l’air, régule le débit des sources, fournit une ressource renouvelable, procure charpente, planchers, permet des activités récréatives, une éducation à l’environnement, abrite des oiseaux, agrémente le paysage avec des couleurs magnifiques tout au long de l’année.


Pouvons-nous appeler forêt un alignement de résineux et en tirer tous les avantages indiqués précédemment ?
Qualifier de pauvres les forêts pour les couper ?
L'incitation à couper n'a jamais été aussi forte.
La demande en bois énergie est tellement forte avec l'achat de poêles que le prix d'achat des granulés a doublé ces derniers mois au moment ou le pouvoir d'achat est en baisse.


Dans les forêts du centre de la France, avant 2040, une partie des arbres mourra de sécheresse, de maladies, d’incendies, d’agressions d’insectes ravageurs, favorisés par le réchauffement ( le monde sans fin, Jean Marc Jancovici, Christophe Blain).
Mauvais prophète ou réalité ?
Détruire la forêt pour du bois énergie pour sauver le climat, accentuer la pression sur les ressources en bois n’est peut -être pas une bonne pratique. Quand on brûle du bois on rejette aussi du CO2, le bilan carbone n’est pas totalement positif.
La forêt est notre plus précieuse alliée contre le réchauffement climatique, ne devrions nous pas la laisser s'étaler, l'exploiter le moins possible ? Doit on chauffer au bois une maison mal isolée ?
Donc la déforestation massive pratiquée actuellement en certains endroits ( le Morvan est l’exemple à ne pas suivre en certains endroits), pose beaucoup de questions sur l’avenir de nos forêts.
 

Des pistes existent pour,  « produire, accueillir, protéger »,  tout en continuant à sortir et planter du bois pour faire vivre la filière indispensable à notre économie locale et maintenir l’emploi.  
 

Pour cela ne faut il pas :
-réorienter les subventions pour les conditionner à des pratiques vertueuses ?
- mettre en croissance les jeunes feuillus avec des coupes ciblées pour forêt en libre évolution ?
-réduire les subventions qui favorisent  sans raisons certains propriétaires ?
-réduire les coupes rases dans des forêts de feuillus uniquement pour sortir du bois, pour le bois énergie et la biomasse ?
Actuellement on a tendance à tout couper, alors qu'un simple balivage, une coupe sous étage sont à préconiser.

 
Devenir vert avec la biomasse est une communication trompeuse.
Pour une gestion douce et durable, les collectivités  peuvent acheter du bois, protéger certaines zones, des particuliers achètent déjà des parts dans des groupements forestiers. L’outil juridique ORE (Obligation réelle environnementale)  existe pour la reconquête de la biodiversité.
Espérons que le SRGS ( schéma régional gestion sylvicole  de l'aquitaine ) en cours de révision ira dans le bon sens.
 Malgré toutes ces questions, ces préconisations , des journées comme ces assises,  je crains que l'on ne se dirige vers un modèle hyper intensif pour des raisons économiques.
 

Francis LE GOYET - St Front la Rivière

*Cet article ne reprend pas fidèlement la totalité des débats de cette journée sur les assises et bon nombre d'observations et commentaires sont propres à son auteur  

*Pour ceux qui n'ont pu y participer, le département a mis en ligne l'ensemble des vidéos des assises :


https://www.dordogne.fr/information-transversale/actualites/retour-sur-les-assises-departementales-de-la-foret-22333460