vendredi 19 avril 2024

Café-citoyen avec le Syndicat de Rivières du Bassin de la Dronne

 Présentation et échanges

Le 5 avril 2024, le CDD Ribéracois et le Café Pluche organisaient un café-citoyen en revenant sur le thème de l’eau, thème prioritaire du CDD pour cette année, initié le 2 décembre dernier à l’occasion de la journée sur L’eau, un trésor en danger ! 

Nos deux intervenants, déjà présents aux tables rondes du 2 décembre, représentent le Syndicat de Rivières du Bassin (SRB) de la Dronne ; il s’agit de Jean-Didier Andrieux, son Président, et de François –Xavier Dupressoir, son directeur.

Le SRB Dronne exerce une compétence sur un territoire qui va de l’amont de la confluence Dronne-Côle à La Roche-Chalais, avec un linéaire de cours d’eau de 1582 km, répartis sur 82 communes et cinq communautés de communes : quatre en Périgord Vert (Périgord Nontronnais, Dronne et Belle, Périgord Ribéracois, Pays de Saint-Aulaye) et une en Charente (Lavalette Trude Dronne). Il compte 85 délégués, élus territoriaux, parmi lesquels 17 membres du Bureau, qui compte, outre le président, 4 vice-présidents. Il a son siège à Ribérac.

Fort d’une dizaine de collaborateurs salariés, le SRB compte quatre techniciens de rivières (dont le directeur) répartis sur quatre secteurs géographiques distincts, une secrétaire-comptable, cinq agents sur le terrain qui constituent « l’équipe rivières » ou régie (maçon, menuisier, élagueur, conducteur d’engins) ; enfin, il partage avec le Syndicat mixte du Bassin de l’Isle un poste d’animation du programme Natura 2000 (trois zones Natura 2000 sur le territoire du SRB). 

Le SRB Dronne exerce la compétence GEMAPI, c’est-à-dire Gestion des milieux aquatiques et Prévention des inondations. Il s’agit d’une compétence obligatoire confiée depuis le 1er janvier 2018 aux communes et aux EPCI (lois de décentralisation de 2014 et loi NOTRe de 2015), lesquels peuvent la transférer aux syndicats de rivières. 

Le SRB Dronne dispose d’un budget annuel d’environ 800 000€ provenant pour 308 000€ de la taxe GEMAPI (7,7€ par habitant) et pour environ 500 000€ de subventions de l’Agence de l’Eau Adour Garonne, de la région Nouvelle-Aquitaine, du département de la Dordogne et de la Fédération de la Dordogne pour la Pêche et la Protection du milieu aquatiques. Perçue par les Communautés de communes, la taxe est calculée d’après le produit total des taxes foncières.  

Au titre du Code de l’Environnement, les compétences GEMAPI se déclinent comme suit :

-Aménagement de bassin hydrographique

-Entretien et aménagement des cours d’eau, lacs et plans d’eau

-Défense contre les inondations (et contre la mer)

-Protection et restauration des sites des écosystèmes aquatiques et des zones humides, ainsi que des formations boisées riveraines.

Les missions des techniciens de rivières comprennent 

1) la conception de travaux, les études, la rédaction et la mise en œuvre des plans de gestion, 

2) le soutien aux communes et EPCI pour tous projets liés à l’Eau et l’Environnement (sentier découverte, observatoire de la faune, tourisme vert...), 

3) l’assistance aux particuliers pour les procédures réglementaires (mise aux normes d’étangs, entretien du lit des cours d’eau, des moulins...), 

4) animations scolaires et grand public.

Ils appuient, conseillent, guident, mais n’exercent pas de mission de police et ne sanctionnent pas, contrairement à l’OFB (office français de la biodiversité).

En action sur le terrain, l’équipe rivières est en charge 
1) de l’entretien des berges, 
2) de la restauration et de l’entretien des zones humides, 
3) de l’entretien des ponts et ouvrages hydrauliques communaux, 
4) de l’assistance aux moulins pour les opérations complexes, 
5) de la lutte contre  les espèces invasives, 
6) de petits aménagements, 
7) de projets structurants : reméandrage*, passes à poisson, bras de contournement...  

*(Le reméandrage consiste à remettre le cours d’eau dans ses anciens méandres ou à créer un nouveau tracé pour se rapprocher du style fluvial naturel)

Au travers de belles diapositives, nos deux intervenants illustrent ces différentes missions à l’aide d’exemples :

-Réhabilitation du lit mineur du Rieumançon (Tocane Saint-Apre)
-Remplacement d’une passerelle entre Combiers et La Rochebeaucourt
-Valorisation d’un sentier de découverte le long de la Lizonne
-Restauration de la continuité écologique de la Nizonne au droit d’un ouvrage départemental (Rudeau-Ladosse)
-Colmatage d’une brèche avec réalisation d’un tunage bois* aux tourbières de Vendoire
-Arrachage manuel de la jussie* et écorçage d’un érable négundo
-Recharge du lit d’un cours d’eau par apport de cailloux 

*(Le tunage bois est une technique de protection des berges par mise en place de pieux jointifs ou non)
*(Jussie: Plante invasive)


Quelques enseignements additionnels :

a) La compétence GEMAPI ne libère pas les riverains propriétaires d’entretenir les berges.

b) Contrairement aux cours d’eau navigables (comme l’Isle par exemple) dont les rives sont entretenues par un syndicat de rivières, l’entretien régulier des rives de la Dronne constitue une obligation pour les riverains propriétaires jusqu’au milieu du lit de la rivière (Code de l’Environnement, obligation issue du Code Napoléon). Cet entretien régulier a pour objet de maintenir le cours d’eau dans son profil d’équilibre, de permettre l’écoulement naturel des eaux et de contribuer à son bon état écologique, notamment par enlèvement des embâcles*, débris et atterrissements, flottants ou non, par élagage ou recépage de la végétation des rives. En outre, la Dronne n’est navigable qu’aux risques et périls des usagers.

*(Embâcle : obstruction du lit d’un cours d’eau par amoncellement de débris divers ou de glace)

c) La lutte contre les ragondins est une des missions qui échoit au SRB Dronne. Pour ce faire, le syndicat mobilise une soixantaine de piégeurs agréés, les équipe d’environ 600 cages et d’appeaux (en général des pommes). Les ragondins piégés sont répertoriés (lieu de capture, poids...) puis mis par le piégeur au congélateur avant qu’un équarisseur vienne les collecter. Résultat : environ 3000 ragondins piégés par an.  A noter : le matériel est conforme à la préservation des espèces protégées comme le vison d’Europe, et les piégeurs sont censés relever leur cage tous les jours et procéder à une mise à mort sans provoquer de souffrance inutile aux animaux.


d) La présence de nombreuses espèces de poissons et de deux variétés de moules rares d’eau douce (la moule perlière et la grande mulette) démontre selon le SRB que la Dronne est propre. 

e) Le SRB Dronne, comme d’autres syndicats de rivières, peut être amené à recharger le lit d’un cours d’eau, pour compenser des prélèvements de sables ou de granulats excessifs. Comme le dit le Président Andrieux, « la rivière a besoin de travailler », elle véhicule une énergie liée à son débit qui se dissipe en partie en entraînant des particules solides des parois et du lit du cours d’eau (érosion).



Ainsi s’achève cette intervention à deux voix, très instructive et bien documentée, qui nous plonge dans cette rivière que nous aimons tous, la Dronne.


Propos retranscrits par Paul Brejon- administrateur du CDD